Ah, les vacances !

Il fait beau et chaud. Une petite brise au léger parfum de sapinage parvient tout juste à faire frémir les feuilles du gros érable devant la maison. Par la fenêtre ouverte, j'entends Monsieur Merle qui s'active déjà à la recherche de nourriture tout en saluant le soleil matinal de son chant retentissant.

Grrrrrr !!! Mon réveil m'indique qu'il n'est que 4 h 30, un fait que mon petit cerveau refuse obstinément de considérer. Inutile de rester au lit, ma nuit est finie et bien finie ! Les idées se bousculent dans ma tête et je réalise qu'il vaut mieux profiter de ces quelques heures de silence (relatif, car Monsieur Merle est toujours à proximité) et de tranquillité pour m'asseoir à ma table de travail. Je me retrouve donc devant mes crochets et mes boîtes de perles, un carnet de croquis sous mon nez, un crayon à la main et l'aromatique café fumant (obligatoire, à cette heure inhumaine) qui vient me titiller les sens.

Voilà, c'est parti ! Le crayon semble se mouvoir de lui-même, obéissant à de mystérieuses impulsions, et les gribouillages tantôt incohérents prennent soudainement tout leur sens et s'animent de mille possibilités. Satisfaite, je porte ma tasse à mes lèvres, surprise de constater que le café s'est volatilisé, que ma jambe droite s'est endormie depuis belle lurette, que Dundee la perruche tente en vain d'attirer mon attention à grand battements d'ailes et de roucoulements... et que Monsieur Merle a cessé de chantonner ; peut-être est-il retourné se coucher ?

Je devrais probablement faire de même, mais les croquis m'attirent et mon crochet m'appelle, quand soudain un bruit familier me tire brutalement de ma bulle créative : « Mamaaaaan ! J'ai faim ! »

Et ça, c'est une autre réalité !